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CD 64 rugby

23

août 2021

La mort subite du sportif : Alain Fariscot témoigne

Publié il y a 3 ans

La mort subite du sportif : Alain Fariscot témoigne

Alain Fariscot, ancien président du CD 64 Rugby, ouvrira cette conférence de rentrée sur la mort subite du sportif le 9 septembre prochain à Bayonne. Il est aussi le grand-père de Peio, 17 ans, décédé brutalement de ce mal sournois et pourtant détectable, en avril dernier pendant un footing. Alain et les siens sont inconsolables. Lui se battra désormais jusqu’au bout pour ce que «mon Peio chéri, tu ne seras pas mort pour rien. Pour toi malheureusement, il n’y avait rien à faire.». Il a pris la plume pour témoigner, informer, prévenir et secourir. On respire un grand coup. C’est parti. Merci.

Le 5 avril 2021, Peio, un de mes adorables petits enfants a été foudroyé par la mort subite du sportif lors d’un footing.

Peio ne fumait pas, ne se droguait pas, faisait la fête comme peut le faire un garçon de cet âge qui bénéficie d’un cadre familial très attentif, qui accorde des libertés très mesurées.

Peio jouait au rugby dans le club local du RC Ustaritz Jaxou et était privé, faute au COVID, d’entraînement. Il maintenait sa condition physique en faisant des footings dans la campagne qui entoure le domicile familial. Rien ne laissait prévoir un tel drame.

Le grand-père que je suis est traumatisé. Il ne peut se faire à cette réalité et pourtant ! Le corps de Peio repose au cimetière de Larressore mais je veux croire que son esprit vagabonde parmi nous et qu’il est souvent près de moi. Lui seul a la vérité.

Cette disparition brutale a créé en moi une envie de savoir, de comprendre, de chercher à prévenir de tels événements, de secourir lorsque le drame se joue. 

Ce sont plus de 1000 sportifs qui disparaissent tous les ans en pratiquant une activité physique. Le capitaine de l’équipe danoise de football en a réchappé lors du dernier championnat d’Europe des nations grâce à la réaction immédiate de l’arbitre et à la prompte intervention de l’équipe médicale de sécurité. C’est aussi le jeune coureur cycliste Michaël Goolaerts qui est décédé lors du Paris Roubaix 2020. 

En faisant un retour sur mon passé, quelques décès de connaissances proches, des sportifs amateurs réguliers, me reviennent en mémoire : un décès sous la douche après une partie de pelote pour l’un, un malaise fatal pendant la partie pour un autre, le décès lors d’un trail, le décès après la sortie du terrain de rugby, le décès lors d’une sortie cyclo.

La lutte contre la sédentarité et l’encouragement à la pratique sportive sont un objectif gouvernemental. Ces événements dramatiques ne doivent pas faire peur. Le sport, c’est la santé et le bien-être. Mais il ne faut pas le pratiquer n’importe comment car le sport peut être déclencheur de pathologies fatales.
 

Pour prévenir de tels évènements il faut posséder l’information

L’association des cardiologues du sport a édicté des conseils pour faire du sport… pas n’importe comment, à l’intention de tous : sportifs confirmés, occasionnels jeunes ou vieux. Ils ont appelé ces conseils les 10 règles d’or (document joint). Peu de sportifs les connaissent et pourtant leur application réduirait notablement, d’après ces spécialistes, les accidents cardio-vasculaires. 

Un pouls très rapide au repos, un pouls qui s’accélère trop à l’émotion avant la compétition, un pouls qui se bloque à l’effort, des palpitations avant, pendant, ou après l’effort sont des signes précurseurs de risque de mort subite. 

La visite médicale conduisant à la délivrance du certificat d’absence de contre-indication à la pratique sportive ne se résume pas à une signature par un praticien en bas d’une page ni à une case cochée. Cette visite est un vrai acte de prévention auquel peut être associé un électrocardiogramme de repos, ce qui permet la détection de 70 % des pathologies cardiaques.

Il faut être informé pour compléter en toute connaissance de cause les auto-questionnaires préférés aux visites médicales annuelles systématiques pour l’obtention de licence ou leur renouvellement (sauf pour les sports à contraintes particulières) en particulier pour  les mineurs pour lesquels ce sont les parents qui attestent l’absence de contre-indication. Décret du 8 mai 2021, document joint.

Les textes de lois et décrets sont ce qu’ils sont, l’objet n’est pas d’aller contre, la croisade à mener est de donner les informations que chacun s’appropriera pour, autant que faire se peut, de tels drames soient évités .

Après l’accident, il peut être encore temps de secourir en appliquant les gestes qui sauvent : appeler les secours, mettre en PLS (position latérale de sécurité), faire un massage cardiaque externe (MCE), utiliser un défibrillateur. Trop de gens restent passif devant un arrêt cardiaque. Pourtant, le peu que l’on sait faire peut sauver une vie. Il vaut mieux faire un geste mal maîtrisé que de ne rien faire. Il nous faut motiver les gens des plus petits aux plus grands, spectateurs, sportifs, dirigeants pour apprendre ces gestes indispensables.

Alors mon Peio chéri, si l’on peut informer et si les sportifs veulent s’informer et adapter leurs habitudes à ces informations, si les gens prennent conscience de l’intérêt d’apprendre les gestes qui sauvent, si ces messages se répandent comme des tâches d’huile, alors mon Peio chéri, des vies seront sauvées et tu ne seras pas mort pour rien. Pour toi malheureusement, il n’y avait rien à faire.

La mort subite du sportif est un enjeu de santé publique. Sache que je vais m’employer pour que ces messages touchent un maximum de personnes. Que je serai disponible pour aller à la rencontre des gens, physiquement dans les clubs ou par l’utilisation des moyens de communication, la recherche d’autres partenaires et générer d’autres actions.

Merci au CD 64 Rugby, au conseil départemental, pour leur investissement pour notre cause et pour l’organisation de cette soirée d’information sur la mort subite du sportif qui se déroulera le 9 septembre à 19h à Bayonne, à laquelle on pourra assister en présentiel mais aussi en visio à Pau et qui sera retransmise sur les réseaux sociaux. 

                       

Alain FARISCOT

 

  1. Alain Fariscot a été président du CD 64 de 2016 à 2020. Il est élu au comité départemental depuis 2021. Il siège toujours au bureau du comité directeur. Il a en charge les activités transfrontalières.

Document associé

Photos associées : Les 10 règles d'or du club des cardiologues du sport

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